Cette étude se situe dans la lignée des études urbaines influencées notamment par les réflexions d’Henri Lefebvre autour de sa critique de la vie quotidienne et de la production de l’espace. Nous nous approprions de la rythmanalyse, présentée plus en détail dans un ouvrage posthume de l’auteur. Cette approche nous permet de considérer des pratiques sociales spécifiques, celles reliées aux arts de rue, comme l’impression de rythmes singuliers dans la polyrythmie de l’espace urbain. Nous portons ainsi une attention spéciale à l’expression des corps, à même de concevoir comment les interventions d’arts de rue ont le potentiel d’instaurer des moments de rencontre qui modifient l’espace relationnel et l’imaginaire urbain. La rythmanalyse nous permet, selon nos termes, d’appréhender la respiration – des spectateurs et des artistes, parfois en synchronie – dans le tissu urbain ainsi que la résonnance des rythmes. Nous considérons que ces pratiques permettent la restitution momentanée de l’urbain. Elles se situent dans un théâtre plus ample d’actions qui cherchent à repenser la ville et réinventer le politique en agissant concrètement sur les trames de l’espace social.