L entité fantasmatique du cinéma est l expression par laquelle je cherche à signaler l effacement du spectateur dans cette sphère, comme celui qui emploie sa vision, mais n intervient pas efficacement dans la production de significations. Ce travail interdisciplinaire enquête sur une certaine dévalorisation de la condition du spectateur au cinéma qui empêche sa reconnaissance comme sujet contribuant à la pensée. Pour poser le problème, je fais une comparaison qui implique deux autres personnages, l auteur (du film) et le théoricien, qui semblent avoir gardé pour eux la primauté intellectuelle. J analyse les théories de la spectatorialité cinématographique qui prenaient le spectateur comme la chose pensée, mais non comme l être pensant. Dans le domaine de la philosophie, je m intéresse à la proposition d émancipation du spectateur formulée par Jacques Rancière, qui nous conduit à une sortie de la stigmatisation. Dans le prologue du livre Les écarts du cinéma, le philosophe devient spectateur comme stratégie pour penser le cinéma à partir d une trajectoire affective et singulière, une condition qui s étend à tous les spectateurs qui transitent par les brèches formées par le propre cinéma.